2025 marque une année charnière pour l’assurance de personnes. Entre évolutions réglementaires, transformation des modèles de distribution, pression concurrentielle sur les marges et attentes croissantes des assurés, les lignes bougent vite. Pour les assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance et courtiers, l’enjeu n’est plus simplement de s’adapter mais d’anticiper.
L’année 2025 marque un tournant dans la structuration technologique et réglementaire du secteur de l’assurance. L’architecture des systèmes devient un levier stratégique à part entière. Le déploiement des plateformes MACH (Microservices, API-first, Cloud-native, Headless) se généralise et redéfinit les standards attendus, aussi bien côté DSI que côté direction métier. Cette transition conditionne la capacité des assureurs à absorber les évolutions réglementaires, à interconnecter leur écosystème applicatif et à proposer des parcours digitaux exposés en API et activables à la demande.
Le secteur ne tarde pas à concrétiser ces changements. Par exemple, le groupe Helvetia a migré 87% de ses applications vers le cloud, décommissionnant son propre data center pour ses fonctions en Suisse et Europe.
Cette transformation est motivée par une double exigence : d’une part, répondre aux attentes métier, d’autre part, renforcer la résilience face aux enjeux réglementaires, cybersécurité ou de continuité de service.
Sur le plan réglementaire, la DDA reste une colonne vertébrale incontournable pour structurer les parcours de distribution. Toutefois, malgré sa maturité, de nombreux acteurs ne parviennent toujours pas à démontrer une traçabilité complète du devoir de conseil. L’ACPR relève encore des écarts dans l’adéquation des garanties, la gestion des justificatifs ou la validation du consentement.
Pourtant, la recommandation 2024‑R‑03 de l’ACPR, dont l’entrée en vigueur est prévue au 31 décembre 2025, exige le recueil actif d’informations clients (profil, objectifs, besoins, préférences de durabilité) et la justification explicite des conseils délivrés dans tous les cas, que ce soit en assurance vie ou non-vie.
En 2025, la conformité ne peut donc plus être traitée en silo. Les outils métiers doivent désormais intégrer nativement les règles, les documents à générer et les flux de validation sans ralentir les opérations.
La digitalisation des flux sensibles, comme l’affiliation, la clause bénéficiaire ou le questionnaire médical, s’impose dans les parcours standards.
Selon la recommandation ACPR 2024‑R‑03, la collecte de données doit être non seulement précise mais aussi justificative. Chaque étape doit être tracée, argumentée et conservée dans la durée, y compris pour des contrats hors assurance vie pour lesquels un suivi périodique adapté est désormais exigé.
Les leaders du marché ne parlent plus simplement de « collecte de données » mais de parcours fluides, guidés, conformes, tracés et interopérables, pilotés dans une logique de bout-en-bout. C’est une évolution structurelle autant qu’opérationnelle.
L’assurance collective est désormais l’un des terrains les plus complexes à structurer. Les règles URSSAF, les contraintes propres à chaque convention collective, la gestion des cas de dispense ou encore les écarts d’application selon le statut des salariés ou les établissements compliquent considérablement la fluidité commerciale.
Pour y répondre, les courtiers et assureurs les plus performants s’appuient aujourd’hui sur des plateformes capables d’intégrer un moteur de règles CCN, de générer automatiquement les documents réglementaires et de déclencher des alertes intelligentes dès qu’un écart ou une non-conformité sont détectés.
Selon une étude publiée par Tripalio en 2023, le taux de conformité des offres concurrentes en santé collective varie fortement selon les branches. Certaines conventions professionnelles présentent même des taux de conformité inférieurs à 67%. Ces écarts exposent distributeurs et entreprises à des risques significatifs d’annulation des exonérations sociales voire de redressement.
La pression s’est d’ailleurs accentuée en 2025. Les entreprises avaient jusqu’au 31 décembre 2024 pour mettre à jour les définitions des catégories objectives de salariés figurant dans leurs DUE santé et prévoyance. Depuis, la conformité doit être démontrée dès la contractualisation. L’employeur doit formaliser son engagement via un acte juridique valide, convention ou accord collectif, référendum ou décision unilatérale, et garantir l’adéquation de ce cadre avec le contrat mis en place.
Dans ce contexte, la capacité à exploiter la donnée CCN dès la phase de prospection, à en tirer des alertes opérationnelles et à produire les bons documents, devient un facteur différenciant réel pour les acteurs capables d’industrialiser cette chaîne tout en restant agiles sur les mises à jour réglementaires.
Les demandes des TNS, dirigeants ou indépendants ne se satisfont plus d’un conseil générique. Ils attendent un conseil structuré, des comparateurs intelligents, une simulation claire de leur retraite, de leur statut ou de leur protection. Ce besoin de lisibilité, couplé à une exigence de réactivité, pousse les distributeurs à adopter des outils qui professionnalisent leur posture de conseil.
Les chiffres confirment cette évolution des attentes. Selon une étude INSEE publiée début 2025, la pension moyenne des travailleurs indépendants est de seulement 1 180 € brut par mois, contre 1 540€ pour l’ensemble des retraités salariés. Cet écart structurel de près de 360€/mois souligne combien un conseil documenté et adapté est essentiel pour ces profils souvent confrontés à un droit à la retraite plus faible.
La notion de « contrat augmenté » par les services n’est plus un concept émergent mais une réalité établie du marché en 2025. L’apport de valeur ajoutée réside dans les services complémentaires : prévention santé, analyses comportementales, accompagnement RH ou modules de bien-être. Ce mouvement serviciel repose sur l’ouverture vers l’extérieur via les API, souvent portées par des assurtechs, et permet d’enrichir l’expérience client de façon tangible.
Selon le baromètre publié en mai 2025 par La Tribune de l'Assurance en collaboration avec ROAM, 78% des assureurs considèrent leur entreprise comme avancée dans la digitalisation des parcours de souscription.
Les services digitaux ne sont donc plus des options secondaires. Ils s’incarnent dans des modules embarqués ou activables à la demande et permettent de positionner l’assurance comme un service et non plus comme un produit figé.
L’année à venir s’annonce comme un pivot majeur en matière de résilience technique. Le règlement européen DORA (Digital Operational Resilience Act), entré en vigueur le 17 janvier 2025, mais dont les effets se feront pleinement sentir en 2026, impose des exigences strictes concernant la résilience opérationnelle numérique. Il ne s’agit plus seulement de sécuriser les flux : les assureurs devront prouver qu’ils sont capables de maintenir leur activité, même en cas de cyberattaque, de défaillance fournisseur ou de crise majeure.
Ce changement s’accompagne d’obligations concrètes pour 2026. Les entités financières doivent mener des tests de résilience réguliers dont des tests de pénétration basés sur des scénarios réalistes (Threat‑Led Penetration Testing) pour les systèmes critiques, planifiés tous les trois ans.
En conséquence, les instances dirigeantes doivent désormais intégrer la gestion des risques TIC dans leurs processus décisionnels, maintenir un registre des prestataires critiques, documenter formellement les politiques de continuité et établir un plan de supervision des fournisseurs aligné avec les règles DORA.
Pourtant, une étude récente révèle que 56% des banques centrales ou autorités de régulation n’avaient pas encore une stratégie cyberdéfense opérationnelle clairement définie pour les institutions financières, ce qui laisse présager de la difficulté d’atteindre les attentes DORA en 2026.
Sur le terrain réglementaire, les convergences s’intensifient. DDA, RGPD, DORA, PRIIPs… Les exigences de conformité s’accumulent, se recoupent et rendent obsolètes les approches fragmentées. En 2026, les acteurs les plus solides seront ceux qui auront structuré une gouvernance unifiée de la conformité.
Un rapport de KPMG France (2025) confirme cette dynamique. Les organisations du secteur assurance modernisent leur gouvernance en intégrant le pilotage des risques numériques, la conformité produit et la gestion documentaire au sein d’un système de gestion des risques d’entreprise (ERM) unique. Cette approche centralisée favorise la prise de décision stratégique et réduit les silos entre conformité réglementaire, distribution et IT.
Simultanément, la réglementation DORA renforce l’obligation d’aligner la gestion des incidents TIC avec les exigences RGPD. Lorsqu’un incident touche un système d’information, l’entité doit non seulement le notifier sous DORA mais aussi respecter les délais et formats imposés pour les atteintes aux données sensibles. Les entreprises doivent donc créer un double reporting réglementaire qu’il faut désormais anticiper dans un cadre globalisé.
Les parcours collectifs vont eux aussi franchir un cap. Après la phase de digitalisation « horizontale » (simulations, souscription, affiliation), les attentes se déplacent vers une orchestration complète du cycle de vie. De la simulation initiale au pilotage des mouvements RH en passant par la mise à jour automatique des garanties ou la gestion des dispenses, cette approche deviendra la norme. L’assurance collective devra offrir un service fluide, documenté, interconnecté et accessible à toutes les parties prenantes.
Une enquête menée fin 2024 et diffusée en 2025 par Comarch et Vovoxx Média montre que plus des deux tiers des assureurs collectifs estiment nécessaire de moderniser leurs systèmes d’information pour mieux automatiser les services RH, les modifications de garanties et les interfaces utilisateurs.
Concrètement, la nouvelle génération de plateformes automatisées doit combiner trois principes : un pilotage en flux temps réel, une cohérence documentaire et une accessibilité via des connecteurs bidirectionnels.
Le segment individuel va continuer de s’élargir, notamment avec l’émergence de nouveaux profils hybrides (freelances, dirigeants de petites structures, portage salarial…).
Selon le Baromètre Prévoyance TNS 2025 de MetLife, seuls 45% des TNS disposent d’un contrat de prévoyance. Plus inquiétant encore : moins d’un TNS sur deux a bénéficié d’un bilan protection sociale ou patrimonial avant souscription et la révision des contrats est quasi inexistante après un an d’adhésion.
Le conseil patrimonial et assurantiel doit donc intégrer davantage de scénarios : arbitrage dividendes/salaire, analyse du reste à vivre, capacité d’emprunt, projection retraite personnalisée… Les outils capables de simuler, restituer et sécuriser ces analyses gagneront la préférence des réseaux.
L’IA, encore discrète en 2025, s’invitera durablement dans les outils du quotidien en 2026. Génération de synthèses, rédaction automatisée des relances commerciales, pré-analyse des pièces justificatives ou personnalisation des parcours client : les usages se multiplient.
D’après le rapport State of AI Adoption in Insurance 2025 basé sur une enquête menée fin 2024 auprès de 240 cadres d’assureurs, 82% des dirigeants considèrent l’IA comme une priorité stratégique pour améliorer les performances financières ou opérationnelles. Pourtant, seuls 22% seulement ont mis en production des solutions IA à grande échelle.
L’enjeu ne sera pas tant la technologie que son intégration dans des environnements conformes, traçables et acceptés par les clients comme les régulateurs.
Tous ces enjeux ne sont pas de simples tendances : ce sont des chantiers opérationnels que FASST accompagne au quotidien aux côtés des assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance et réseaux de distribution. Et c’est précisément pour poursuivre ces discussions de fond que nous serons présents à la 35ᵉ édition du congrès Reavie, du 8 au 10 octobre 2025 à Cannes.
Ce rendez-vous stratégique des dirigeants de l’assurance de personnes est un espace où se partagent les visions, s’expérimentent les solutions concrètes et se dessinent les prochaines étapes de la digitalisation du secteur.
Notre équipe sera sur place pour échanger avec vous, vous faire découvrir nos modules d’automatisation, nos parcours réglementaires, nos services numériques et explorer ensemble les meilleures voies de structuration.