Patrimoine numérique : protéger les actifs digitaux de vos clients
Cryptoactifs, comptes cloud, plateformes de trading, blogs monétisés… Le patrimoine numérique de vos clients ne cesse de s’élargir. Longtemps considéré comme marginal ou « hors périmètre », il est désormais au cœur de nombreuses questions d’organisation successorale, de traçabilité ou de cybersécurité. En 2025, ignorer cette composante revient à passer à côté d’un enjeu à la fois juridique, fiscal, opérationnel, mais également émotionnel.
Identifier le périmètre réel du patrimoine numérique
Bien au-delà des cryptomonnaies
Lorsqu’on parle de patrimoine numérique, l’attention se porte souvent sur les cryptoactifs ou les portefeuilles digitaux. Mais en réalité, ce champ s’étend à une multitude d’éléments disséminés dans les usages professionnels et personnels de vos clients.
On y retrouve notamment :
- Les identifiants d’accès à des services financiers dématérialisés : comptes en ligne, néobanques, plateformes d’investissement ou de trading automatisé.
- Les documents stockés dans des espaces cloud (Google Drive, OneDrive, Dropbox) qui contiennent souvent des factures, contrats, statuts d’entreprise.
- Les actifs à revenus numériques : chaînes YouTube avec des dividendes mensuels, blogs monétisés, tokens NFT, activités sur des marketplaces, abonnements payants (Patreon, Substack…).
- Les comptes à usage mixte (LinkedIn, WhatsApp pro, Slack, X) qui servent à la fois d’interface client et de carnet d’adresses professionnel.
Ce patrimoine numérique est souvent non structuré et très peu documenté. En cas d’incapacité ou de décès, ce flou devient un risque : données inaccessibles, revenus bloqués, contenu supprimé voire conflits entre héritiers.
Ce que vous risquez de ne pas voir… et que vos clients ne déclarent pas
Dans les entretiens classiques, ces éléments sont rarement mentionnés spontanément. Pourtant, leur présence est importante. Un dirigeant indépendant aura, en moyenne, entre 10 et 15 accès numériques critiques liés à son activité (hébergeur, comptabilité, CRM, CMS, contrats digitaux…). Un actif dans la tech ou le marketing pourra cumuler plusieurs sources de revenus issus de plateformes digitales.
Le non-recensement de ces éléments crée une zone de vulnérabilité patrimoniale. Et vous prive d’un levier de sécurisation et de conseil différenciant.
Un enjeu intergénérationnel de plus en plus fréquent
Chez les 35-55 ans, cette accumulation d’actifs numériques se fait de manière progressive et non formalisée. À titre d’exemple :
- Un professionnel en libéral stocke tous ses contrats clients et comptes rendus d’entretien sur un drive partagé accessible uniquement via son compte Gmail.
- Un consultant perçoit chaque mois des revenus issus de la vente de ses formations hébergées sur une plateforme tierce.
- Un client investisseur détient un portefeuille crypto de plusieurs milliers d’euros dont l’accès est uniquement stocké dans une application mobile.
Ces éléments ne figurent dans aucun bilan patrimonial. Ils sont absents des clauses bénéficiaires et rarement intégrés aux projections successorales.
Pourtant, ils représentent :
- Des flux financiers actifs : revenus mensuels, royalties, dividendes numériques.
- Des charges latentes : abonnements souscrits, responsabilités en cours.
- Des enjeux de continuité : accès client, réputation en ligne, confidentialité.
Pourquoi vous devez anticiper la protection de ces actifs en tant que CGP
L’obligation de conseil s’étend aussi au numérique
Les lignes réglementaires bougent. L’ACPR et l’AMF soulignent la nécessité d’intégrer les actifs digitaux à l’analyse patrimoniale globale. Conformément aux principes MiFID II, un CGP ne peut plus ignorer les éléments qui constituent une part significative du patrimoine d’un client, même s’ils sont d’apparence immatérielle ou non traditionnels.
La jurisprudence elle-même évolue. Des décisions de justice ont récemment reconnu que l’omission d’actifs numériques dans une stratégie successorale ou dans un audit patrimonial constituait un manquement au devoir de conseil.
Ne pas aborder la question du patrimoine numérique aujourd’hui, c’est :
- Exposer votre client à un vide juridique et organisationnel en cas d’incapacité ou de décès.
- Prendre le risque, en tant que professionnel, d’une responsabilité sur le plan civil, voire disciplinaire.
- Passer à côté d’un levier fort de différenciation, alors que la majorité de vos confrères ne le traite pas encore.
Ce que vos clients ignorent… et que vous devez anticiper
Beaucoup de clients surestiment la facilité d’accès à leurs actifs numériques. Ils pensent « mes proches sauront quoi faire ». Or, sans inventaire clair ni délégation légale d’accès, l’ensemble de ces données devient inaccessible. Dans certains cas, les plateformes elles-mêmes refusent l’accès aux héritiers sans procédure judiciaire.
La responsabilité de l’alerte revient donc au CGP. Intégrer une clause de gestion d’héritage numérique, recommander un inventaire, poser les bonnes questions en amont : voilà ce qui renforce votre légitimité.
Une dimension émotionnelle forte
Au-delà des aspects techniques, le patrimoine numérique touche à l’intime. Il englobe des messages, des publications, des albums photos, des échanges personnels… autant d’éléments que les proches ne savent pas toujours comment traiter.
Un décès peut laisser en ligne un profil actif, des contenus programmés, des messages automatiques, des abonnements payants. Ou encore, dans le cas d’un entrepreneur, des données clients sensibles non purgées exposant la structure à un risque RGPD.
En accompagnant cette dimension avec méthode et tact, vous vous positionnez en véritable tiers de confiance. C’est aussi une manière concrète de renforcer la relation sur le long terme avec les héritiers, souvent futurs clients de votre cabinet.
Comment intégrer le patrimoine numérique dans vos pratiques ?
Enrichir votre découverte client
La première étape est méthodologique : faire évoluer votre grille de lecture. Aujourd’hui, un patrimoine ne se limite plus aux actifs immobiliers, financiers ou professionnels. Il inclut aussi :
- Les espaces de stockage en ligne (Google Drive, Dropbox, OneDrive),
- Les accès à des services ou applications (banques en ligne, outils comptables, néobanques, plateformes de contenu),
- Les objets connectés (coffres numériques, domotique, données santé),
- Les comptes à usage pro/perso (LinkedIn, X, Slack…).
Votre trame KYC doit intégrer ces zones. Non pas sous forme de simple checklist mais comme une logique d’écoute et de sécurisation. Certains outils du HUB Patrimoine, comme BeCLM ou Upsys, vous permettent d’ajouter facilement des champs sur-mesure dans les formulaires digitaux, de collecter des pièces jointes (captures d’accès, documents liés à des contrats digitaux) ou de paramétrer des alertes en cas d’oubli.
Résultat : vous rendez visibles des zones d’ombre sans alourdir le parcours client.
Structurer la traçabilité dans les scénarios successoraux
Au-delà du bilan patrimonial classique, le conseil doit inclure une réflexion sur la continuité numérique. Vous pouvez proposer à vos clients :
- Un inventaire d’accès en ligne (centralisé ou chiffré).
- Une clause de délégation numérique dans le mandat de protection future.
- Une anticipation de la réversibilité des accès professionnels.
Les outils comme LaBienveillanceFinancière, intégré à HUB Patrimoine, vous permettent d’aller plus loin. Vous pouvez modéliser un scénario de transmission qui inclut des revenus issus du digital (YouTube, royalties, droits d’auteur en ligne), de chiffrer leur traitement fiscal et d’envisager les choix de gestion (maintien, cession, extinction). Le tout, dans une projection lisible, documentée et conforme.
Intégrer la cybersécurité dans votre devoir de conseil
En 2025, de nombreux CGP structurent désormais leur approche autour de trois axes :
- Cartographier les accès sensibles avec le client.
- Recommander des outils ou bonnes pratiques (authentification forte, coffre-fort numérique, cloisonnement pro/perso).
- Planifier la transmission (délégation d’accès, procédure en cas d’incapacité, conditions de transfert).
HUB Patrimoine vous permet de centraliser cette démarche. Vous pouvez dans un même environnement :
- Proposer un plan de cybersécurité
- Archiver les consentements
- Documenter les recommandations formulées
- Justifier la démarche auprès de l’ACPR en cas de contrôle
Vous ne sécurisez pas seulement le client : vous sécurisez aussi votre cabinet.
Quels outils pour accompagner cette évolution en toute sécurité ?
Une gestion documentaire adaptée aux enjeux numériques
Dans un environnement où les identifiants, contrats en ligne, documents professionnels et données client circulent au format digital, l’archivage devient une brique essentielle.
Il ne s’agit plus seulement de stocker des pièces : il faut garantir la conservation, l’intégrité, l’accessibilité et, dans certains cas, la transmissibilité des éléments sensibles.
Les solutions proposées au sein du HUB Patrimoine permettent aux CGP de :
- Centraliser les données d’accès à des plateformes tierces (wallets crypto, outils cloud, interfaces d’abonnement).
- Stocker les justificatifs numériques (certificats de propriété, contrats dématérialisés, historiques de revenus en ligne).
- Définir des droits d’accès différenciés (client, héritier, mandataire).
- Inscrire cette documentation dans un cadre conforme et sécurisé.
Un patrimoine numérique non archivé est un patrimoine invisible. Vous permettez à votre client de garder la maîtrise sur des actifs souvent volatils et dispersés.
Une conformité alignée sur les directives les plus récentes
La 6e directive AML élargit les obligations déclaratives aux actifs numériques. MiFID II renforce son exigence sur la cohérence des allocations face au profil de risque, y compris pour les cryptoactifs. Ces évolutions ont un impact direct sur votre responsabilité.
BeCLM, intégré au HUB Patrimoine, permet de :
- Tracer la présence ou l’absence d’actifs numériques dans le parcours de connaissance client (KYC).
- Intégrer des éléments d’information issus de déclarations clients ou de documents justificatifs (wallets, comptes en ligne…).
- Produire des éléments de preuve de conformité (recommandations personnalisées, arbitrages documentés, justification de l’orientation non retenue).
En cas de contrôle, vous démontrez non seulement que vous avez posé la question mais aussi que vous avez encadré la réponse.
Des projections patrimoniales adaptées
Pour un client qui génère des revenus en ligne ou détient des actifs numériques, les projections doivent inclure des variables.
Les briques de simulation du HUB Patrimoine permettent par exemple :
- D’intégrer les revenus numériques récurrents dans une projection de cashflow à 10 ans.
- De modéliser la cession d’un actif digital (vente d’un site, d’un portefeuille NFT, d’un droit d’auteur numérique).
- De calculer les impacts successoraux (droits, fiscalité, modalités de transmission).
- De prévoir un scénario de délégation des accès (à un proche, un mandataire, un héritier) dans le cadre d’un mandat de protection future.
Vous ne vous contentez plus d’analyser un patrimoine : vous structurez la stratégie numérique associée. Et vous rendez visible ce qui, pour la plupart des clients, reste encore flou.
Anticiper pour structurer : un avantage concurrentiel pour votre cabinet
Les CGP qui abordent la question du patrimoine numérique avec méthode, outils et sensibilité prennent une longueur d’avance. Ce positionnement renforce la valeur perçue de votre accompagnement. Vous ne vous contentez pas de conseiller, vous révélez, structurez et sécurisez des zones entières de vulnérabilité client encore peu couvertes.
En intégrant cette dimension dans vos entretiens, vos trames KYC et vos simulations, vous :
- Démontrez une réelle maîtrise des nouveaux enjeux patrimoniaux.
- Anticipez les attentes intergénérationnelles.
- Installez une relation de confiance à long terme avec les héritiers ou futurs mandataires.
Dans un marché où la fluidité des outils, la traçabilité des choix et la conformité des parcours deviennent des standards attendus, la prise en compte du patrimoine numérique n’est plus un plus. C’est un indicateur de maturité métier.
C’est aussi un puissant levier de différenciation : peu de cabinets structurent aujourd’hui cette approche. Vous pouvez en faire un marqueur de votre exigence, de votre expertise et de votre capacité à traiter les situations complexes avec rigueur et pédagogie.
En conclusion, le patrimoine numérique s’impose comme une composante à part entière de l’analyse patrimoniale avec ses risques, ses opportunités, ses implications émotionnelles et ses exigences réglementaires.
En tant que CGP, vous avez un rôle structurant à jouer : pour clarifier, sécuriser, transmettre, accompagner. HUB Patrimoine et ses partenaires vous permettent d’intégrer cette dimension dans vos outils, vos pratiques et vos parcours clients.
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