SFDR révisé : comment préparer vos étiquettes durables ?

6 min de lecture
28 oct. 2025 08:00:00

Depuis 2021, la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) impose aux acteurs financiers de publier des informations sur la durabilité de leurs produits. Mais trois ans après son entrée en vigueur, le dispositif suscite critiques et incertitudes : complexité des critères, manque d’harmonisation, difficultés de comparabilité et risques persistants de greenwashing.

Face à ces limites, la révision SFDR annoncée pour le quatrième trimestre 2025 vise à clarifier les obligations, renforcer la crédibilité des étiquettes durables et mieux encadrer les engagements ESG. Pour les acteurs de l’assurance de personnes, cette réforme représente à la fois une exigence réglementaire et une opportunité stratégique.

Il est temps de préparer vos produits, vos données et vos process à ce nouveau cadre pour clôturer 2025 en conformité et aborder 2026 avec un avantage concurrentiel durable.

 

Que change la révision SFDR en 2025 ?

La révision SFDR prévue fin 2025 marque un tournant stratégique pour les acteurs de l’assurance de personnes. Elle ambitionne de faire évoluer la réglementation d’un régime de transparence déclarative vers un véritable système de labellisation structurée des produits durables.

 

De la transparence vers une labellisation plus structurée

Le principal chantier de la révision SFDR consiste à remplacer les catégories actuelles (article 6, 8 et 9) jugées trop floues et binaires, par une typologie plus lisible et standardisée.

Le Platform on Sustainable Finance, organe consultatif de la Commission européenne, recommande d’introduire un label à plusieurs niveaux. Par exemple les produits « durables », « de transition », ou à objectif « ESG généraliste ».

Les superviseurs européens (EIOPA, ESMA, EBA), dans une déclaration commune publiée en juin 2024, plaident pour une simplification plus radicale avec seulement deux catégories principales, « produits durables » et « produits de transition », dans une logique d’harmonisation paneuropéenne.

 

Une mise à jour des obligations techniques et des formats de publication

La révision SFDR prévoit également d’ajuster les exigences de publication. L’objectif est de supprimer les redondances, de clarifier les définitions (notamment autour de la notion de durabilité et des risques ESG) et de renforcer la cohérence avec les autres réglementations européennes : Taxonomie, CSRD, ESRS, MiFID II...

Les formats de publication seront également modernisés, avec l’introduction possible de templates standardisés, de documents machine-readable et d’une logique de reporting modulaire mieux intégrée aux systèmes d’information des acteurs.

 

Un cadre renforcé pour lutter contre le greenwashing

Enfin, la révision SFDR entend restaurer la confiance dans les labels ESG en renforçant les exigences de preuves. Des indicateurs standardisés, des seuils minimums chiffrés et, potentiellement, des mécanismes de validation externe sont à l’étude pour garantir que les allégations durables s’appuient sur des engagements concrets et vérifiables.

Cette évolution devrait également s’accompagner d’un contrôle renforcé par les régulateurs, notamment sur les documents marketing, les processus de sélection d’actifs et la gouvernance des produits labellisés.

Pour les assureurs, cette transformation implique un repositionnement stratégique des gammes, une adaptation des outils de souscription et une collaboration plus étroite entre directions produit, juridique, conformité et marketing.

 

Impacts pour le secteur de l’assurance : ce qu’il faut anticiper

 

Repenser les frameworks produits et les classifications durables

La révision SFDR redéfinit la façon dont les assureurs structurent leurs offres ESG. Les classifications actuelles en article 8 et article 9 devront désormais s’appuyer sur des critères plus stricts : alignement Taxonomie, preuve d’impact, et respect du principe de « ne pas nuire » (DNSH). Les produits intermédiaires pourraient basculer vers une nouvelle catégorie « transition » qui impliquera de requalifier les hypothèses, les engagements ESG et les seuils de performance extra-financière.

 

Consolider la collecte et la qualité des données ESG

Le nouveau cadre impose une montée en puissance de la donnée ESG. Pour publier des informations conformes aux exigences SFDR, les assureurs devront centraliser les données internes, consolider les données ESG des actifs et combler les trous via des fournisseurs spécialisés. En 2025, selon l’EIOPA, les lacunes de données restent l’un des freins majeurs à la lisibilité des offres dites « durables ».

 

Adapter les outils de reporting et les systèmes d'information

La révision SFDR exige aussi une révision complète des systèmes techniques. Les CRM, moteurs de souscription, outils de gestion et extranets devront intégrer les indicateurs de durabilité, les impacts négatifs principaux (PAI), les exigences de traçabilité et les formats machine-readable. Ce changement suppose des ajustements profonds dans la gestion documentaire, l’édition contractuelle, le suivi des portefeuilles et la restitution réglementaire.

Des solutions comme celles de FASST permettent déjà d’intégrer de nouvelles briques dans les parcours assurantiels, de centraliser les documents réglementaires et de générer des rapports personnalisés selon les formats exigés.

 

Renforcer la gouvernance et l’audit ESG

La cohérence des déclarations sera plus surveillée que jamais. En amont comme en aval, les fonctions compliance, juridique, risk management et ESG devront collaborer étroitement pour fiabiliser les publications. L’auditabilité des engagements ESG, la vérification des données et la supervision des engagements marketing devront être intégrés aux processus de contrôle interne.

 

Adapter les modèles de distribution à la nouvelle lecture ESG

Avec la révision SFDR, les attentes des clients vis-à-vis des produits durables évoluent. Ils attendent de la lisibilité, une pédagogie concrète et une cohérence entre la recommandation reçue et la promesse ESG du produit. Cette exigence transforme directement le travail des courtiers, mutuelles et réseaux de distribution.

Les étiquettes durables devront être compréhensibles pour les conseillers comme pour les clients, étayées par des données vérifiables et surtout défendables sur le plan réglementaire, ce qui implique :

  • Une montée en compétence des équipes commerciales,
  • L’intégration d’outils d’aide à la vente ESG dans les parcours de souscription,
  • Une mise à jour des grilles de conseil et des argumentaires commerciaux,
  • Et une meilleure documentation des choix opérés en rendez-vous ou à distance.

 

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Préparer vos étiquettes durables : une feuille de route pragmatique

Alors que la révision SFDR entre dans sa phase décisive, les acteurs de l’assurance ont tout intérêt à structurer leur démarche dès cette fin 2025.

 

Cartographier l’existant et qualifier votre portefeuille

Commencez par établir une cartographie complète de vos produits : assurance vie, unités de compte, contrats santé avec épargne, prévoyance investie… Pour chaque offre, évaluez le niveau d’intégration ESG : critères retenus, exclusions appliquées, reporting existant... Cette analyse vous permettra d’identifier les produits « alignés », « à adapter », ou « hors périmètre » selon les futurs standards de la révision SFDR.

 

Construire un référentiel ESG propre et exploitable

La révision du SFDR vous incite à définir un framework ESG interne robuste : méthodologie de sélection, pondération des indicateurs, définition des seuils « durable » ou « transition », suivi des PAI (Principal Adverse Impacts)… Ce référentiel servira de socle pour vos argumentaires produits, vos supports clients et vos reportings périodiques.

 

Adapter la chaîne de souscription, les documents et le marketing

Tous vos canaux (documents précontractuels, fiches produits, site web, extranet courtier) doivent refléter de manière claire vos engagements ESG. En 2026, la cohérence entre discours marketing, documentation juridique et réalité produit sera un critère de confiance… mais aussi de conformité. Il est crucial d’aligner les supports commerciaux sur les nouvelles catégories introduites par la révision SFDR.

FASST accompagne déjà plusieurs acteurs dans cette mise en conformité éditique avec sa brique FlexiDocs, capable d’automatiser la création de documents cohérents, à jour et traçables tout au long du cycle de vie produit.

 

Structurer la collecte et fiabiliser la donnée ESG

La durabilité se démontre par la donnée. Assurez-vous de pouvoir consolider les indicateurs ESG à partir de vos portefeuilles internes et des référentiels externes. Intégrez des API de data providers ESG, des audits d’alignement Taxonomie ou des modules de collecte automatisée. La qualité des données (émissions, consommation, critères sociaux…) conditionnera votre capacité à justifier vos étiquettes.

 

Mettre en place des contrôles & pilotage ESG permanents

La révision SFDR attend des acteurs un suivi actif de leurs engagements, ce qui implique des dashboards dynamiques, des alertes en cas d’écart, des audits réguliers et une gouvernance renforcée. Comités ESG, validations juridiques, revues de conformité : tout doit converger vers une supervision fluide, documentée et défendable, y compris lors de contrôle de l’ACPR ou AMF.

 

Anticiper les échéances réglementaires de la réforme SFDR

La proposition officielle de révision SFDR est attendue pour Q4 2025. La mise en œuvre opérationnelle interviendra progressivement dès 2026. En démarrant dès maintenant, vous vous donnez le temps d’adapter vos outils, vos équipes et vos process, sans précipitation ni risque juridique.

C’est donc toute la chaîne produit-distribution-IT-conformité qu’il faut aligner.

 

Pourquoi 2025 est une année charnière et ce qu’il faut verrouiller pour 2026

Ce dernier trimestre 2025 est le dernier virage avant l’entrée en application du nouveau cadre SFDR. C’est le moment pour verrouiller votre socle ESG : classification des produits, outillage data, documentation et gouvernance. Car dès 2026, les labels durables seront plus exigeants, plus exposés… et plus différenciants.

Les acteurs qui auront structuré leurs process en amont publieront en premier des produits conformes sans rupture réglementaire. Ceux qui attendront risquent de subir des requalifications ou des arbitrages défavorables.

 

En conclusion, la révision SFDR est un moment charnière pour repenser la manière dont les produits d’assurance de personnes incarnent la durabilité. Pour les assureurs, mutuelles et courtiers, c’est à la fois une contrainte à anticiper et une opportunité de se différencier durablement.

Ceux qui attendront la publication finale pour agir risquent d’être contraints à une course contre la montre. À l’inverse, ceux qui structureront cadre ESG pourront labelliser leurs produits avec clarté, défendre leurs engagements avec cohérence et renforcer la confiance des clients comme des régulateurs.

Le cap est fixé : passer d’une obligation de transparence à une exigence de crédibilité.